

Ayahuasca
L'ayahuasca est le nom actuel le plus emblématique de la vague d'utilisation de psychédéliques qui a commencé il y a une vingtaine d'années, comme l'a été le LSD dans les années 60.
Paradoxalement, l'ayahuasca n'est pas la plante qui apporte la molécule psycho-active, la fameuse DMT détaillée dans la section "molécules" de ce site, mais c'est elle qui permet de rendre simple son utilisation. En la buvant, tout simplement. La molécule DMT vient la plupart du temps d'une autre plante, la chacruna (psychotria viridis), et sans cette protection de l'ayahuasca, les enzimes gastriques décomposent le DMT et la rendent inactive. La préparation du mélange est complexe car demande un temps de cuisson assez long ainsi qu'un dosage de l'écorce et des feuilles assez précis.
On estime à 2-3000 ans les premières utilisations de cette combinaison. Elle aurait été inspirée par "les rêves" ce qui donne une explication plausible et post-matérialiste (voir cette section sur ce mouvement de pensée) pour comprendre comment il est possible de trouver cette combinaison de deux plantes parmi les 80 000 qui existent ... soit une chance sur 6 milliards ... sans intégrer le mode d'extraction et combinaisons.
Les noms et surnoms donnés à l'ayahuasca, aya pour les "intimes", sont multiples mais un ressort : "la madre" ou la mère ce qui est rapidement compris quand on l'utilise au vu des perspectives nouvelles qui émergent, des accès à des réalités différentes, des compréhensions des énergies à l'oeuvre, des accouchements d'épisodes de vie présente ou passées, des rétro-causalités explorables ...
Les effets de la prise d'aya sont multiples et très variables ... car les facteurs sont nombreux : le dosage, le cadre, l'intention, la cérémonie, l'attention au sacré, le nombre de prises cumulé, l'espacement entre les prises, l'état intérieur, le travail fait sur soi, la pratique de spiritualités, l'accompagnement humain, les conditions et sentiment de sécurité, le lieu et son énergie propre, la température et l'humidité, les participants et leurs comportements, la musique et les chants, ...
Ces facteurs sont propres à chacun et à chaque expérience. Nous proposons dans la partie étude de partager votre expérience de manière anonyme en précisant justement ces facteurs pour permettre de mieux comprendre les conditions optimales pour approcher la meilleure expérience qui soit.
Un effet est assez commun à toutes les prises initiales ... le besoin de vomir du à deux éléments qui se combinent bien souvent : l'amertune très forte de l'ayahuasca et les troubles de l'équilibre qui induisent la nausée classique au mal de mer ou des transports.
En cela, on ne peut vraiment pas parler de "récréatif" quand on parle de la prise d'aya. Cela complète si besoin le doute que l'on peut avoir quant à une addiction pour cette molécule prise comme cela. L'effort et la volonté pour "y aller" sont conséquents.
Les effets qui apparaissent à partir d'une quarantaine de minutes après la prise de la première dose sont de plusieurs ordres : physiques (relaxation, sensations corporelles nouvelles ...), psychologique (libération de souvenirs, rencontres de personnes connues, recul et apaisement, génération de motifs visuels et auditifs, ...), spirituel (plénitude, décorporation, incarnation de plantes ou animaux, rencontres d'entités ...), physiologiques à moyen terme (ralentissements cardiaque et respiratoire, nouvelle qualité de sommeil, sentiment corporel différent, capacités mémorielles changées, rapport aux rêves nocturnes modifiés ...).
Plusieurs éléments sont à connaître et retenir pour toute expérience ou "cérémonie":
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l'importance du cadre, qui se nomme "set and settings" en anglais. Une section complète du site lui est dédié.
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l'expérience de l'ayahuasca n'est pas anodine et surtout pas récréative. Les buts peuvent être une simple exploration, un avancement sur le chemin spirituel, une démarche psychothérapeutique, un soin médical ... Il se doit d'être clair. "Pas de bon vent à celui qui ne sait pas où aller", et, là, le vent souffle très fort.
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Les effets ne sont pleins qu'avec un très grand lacher prise. On a l'habitude de dire "laisser la plante faire son travail". Pas le plus simple pour le mental que cet abandon, surtout le premier soir ... mais c'est un élément clé pour une expérience pleine et entière. Et il n'est possible que si le cadre le permet ... là aussi, avec toute la confiance qu'il apporte.
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La matière ou la connaissance rapporté de ces "voyages" sont très conséquents en qualité, quantité et originalité. La phase qui suit ce retour est importante : cela s'appelle l'intégration. Et cette intégration prend plusieurs mois. Un conseil, ayez un carnet de voyage car beaucoup des "nourritures" spirituelles, psychologiques, informationnelles ... s'oublient et se confondent si plusieurs voyages sont enchainés.
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Les fameux "bad trips" existent et sont une source infinie de reportages que l'on peut trouver sur Youtube notamment. Ce qui est parfait pour insister sur le cadre à mettre en place et la faible dimension récréative de l'expérience.
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De nos pratiques et recherches, 5 à 10% des personnes passent par cette expérience à priori négatives. Avec un peu de recul, la terminologie "bad trip" est trop large car elle couvre plusieurs catégories, exactement comme on peut parler d'expérience formatrice en milieu professionnel ou "décompensation de trauma ou drama" en psychothérapie.
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Les "bad trips" sont ainsi de deux sortes :
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le "bad trip utile", c'est celui qui apporte des informations ou de la matière qui est nouvelle pour la conscience et permet de purger ou débuter une nouvelle tranche de vie en meilleure conscience. C'est aussi celui qui va permettre de purger toutes les pensées et énergies néfastes. Ce peut être l'enfer pour une soirée mais libératoire pour accéder à des états de sérénité et d'apaisement neufs et durables
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le "bad trip inutile" existe aussi, c'est celui qui vous laisse totalement désemparé avec des souvenirs, des révélations, des rencontres ... que votre conscience usuelle ne peut intégrer. Un état dissociatif ou schizoïque, éventuellement paranoïaque peut alors se manifester ...
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Nous recommandons donc un suivi ou une possibilité de suivi en cas de bad trip non assimilable. Ce suivi possible doit être pensé avant l'expérience, que ce soit par le partage avec des amis avant votre exploration, par l'identification d'un psychothérapeute (psychologue, praticien, psychiatre, ...) familier de ces questions pour éviter un diagnostic erroné ... et un suivi inadapté pour l'intégration.
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En ce sens, ce n'est qu'après 3 à 6 mois que l'on peut qualifier un bad trip de réellement inutile ...
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C'est aussi la raison pour laquelle vous trouverez dans la section "lieux de retraite" une évaluation des "prestataires" pour pouvoir choisir en toute connaissance de cause les endroits de pratique, un peu comme peut le faire tripadvisor ... mais pour une expérience qui est autrement plus implicante pour votre vie à venir que tous les voyages que vous avez pu faire avant.
Pour ceux qui se posent des questions sur la "largeur" des effets que procure la DMT, voici les 5 grandes voies par lesquelles l'action de la DMT se produit (cf la partie affinités moléculaires pour aborder la
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Activation des récepteurs sérotoninergiques : La DMT agit en se liant aux récepteurs de la sérotonine, en particulier les sous-types 5-HT2A, 5-HT2C et 5-HT1A. Cette liaison active ces récepteurs et déclenche une cascade de réactions biochimiques dans les neurones cibles, modulant ainsi l'activité neuronale.
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Effets sur les circuits neuronaux : La DMT modifie l'activité des circuits neuronaux dans le cerveau, en particulier dans les régions impliquées dans la cognition, la perception et les émotions. Cela peut entraîner des altérations de la perception sensorielle, des états de conscience modifiés et des expériences psychédéliques.
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Augmentation de la libération de neurotransmetteurs : La DMT peut augmenter la libération de certains neurotransmetteurs, notamment la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. Cela peut contribuer à ses effets psychédéliques en modulant l'activité neuronale dans le cerveau.
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Interactions avec d'autres systèmes de neurotransmission : En plus de son action sur les récepteurs de la sérotonine, la DMT peut également interagir avec d'autres systèmes de neurotransmission dans le cerveau, tels que le système glutamatergique et le système cholinergique. Ces interactions peuvent jouer un rôle dans ses effets psychédéliques.
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Modulation de la plasticité synaptique : Des recherches suggèrent que la DMT pourrait moduler la plasticité synaptique, c'est-à-dire la capacité des synapses à se renforcer ou à s'affaiblir en réponse à l'activité neuronale. Cela pourrait contribuer à ses effets sur la perception, la cognition et la mémoire.
Vous trouverez ci-après toutes les informations complémentaires pour approfondir vos connaissances et préparer au mieux votre Voyage ...
Les livres et films spécifiques à l'ayahuasca :
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"Carnets de Voyages intérieurs - Ayahuasca Medecina, Un manuel" de Jan Kounen : dix ans d'exploration avec un chaman shipobo résumés en 300 pages par le réalisateur de Blueberry, un vrai manuel avec beaucoup de réponses et de conseils pratiques
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"Autres mondes" de Jan Kounen - 2004 : https://www.youtube.com/watch?v=iJJXll-mH6M qui raconte en 1h30 un voyage au sein du Chamanisme Shipibo.
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"Enquête Ayahuasca - potion magique, potion tragique" - reportage fait par la télévision canadienne suite à la mort d'un touriste.